BUSINESS-PLAN
Les réalisations de l’entreprise se mesurent grâce à
la comptabilité. Les prévisions s’ébauchent à l’aide du business-plan. Dans les
deux cas, l’on utilise des principes et des techniques comptables.
En fonction des hypothèses retenues, il
fera apparaître quelles seront à terme la situation patrimoniale et la
structure financière de la société.
Ce sont les
bilans prévisionnels qui fourniront cette information et
diront si les moyens financiers de l’entreprise permettent à celle-ci d’envisager
avec succès la mise en œuvre de sa politique ou si elle doit modérer ses
ambitions.
Ensuite, et sans qu’il s’agisse pour
autant d’un rôle moins essentiel, le business-plan est un outil de
communication et ce, à plusieurs niveaux :
a Communication interne
Toute direction qui désire impulser une
action dans l’entreprise éprouve le besoin d’un support à sa communication.
L’avantage du business-plan est son aspect global puisqu’il présentera non
seulement les buts poursuivis mais également les moyens à mettre en œuvre pour
les atteindre et les résultats attendus.
b Communication avec les actionnaires
Même au niveau des entreprises moyennes,
on constate aujourd’hui un éclatement de l’actionnariat. Le business-plan sera
un moyen pour le président de préciser où il veut conduire l’affaire et comment
il entend procéder. Il devrait ainsi éviter un certain nombre de conflits
classiques entre dirigeants et actionnaires minoritaires.
c Communication avec les financiers
Lors des négociations avec les banques, le
fait de disposer d’un business-plan permettra au dirigeant de justifier le
montant des financements nécessaires. Par ailleurs, l’existence de ce document
est un moyen de démontrer aux financiers que la gestion est maîtrisée et que les risques qu’ils encourent en finançant l’affaire sont de ce
fait limités.
réflexions préalables :
LES STRATÉGIES : PRODUITS ET
MARCHÉS
La matrice du BCG (Boston Consulting Group)
Cette matrice
bien connue permet d’identifier quatre secteurs (voir la figure ci-dessous). Elle est
applicable tant à un produit par
rapport à l’ensemble d’un marché National, Européen ou International, qu’à un
produit à l’intérieur d’une entreprise.. Elle est obtenue en positionnant :
· en ordonnée, la croissance du marché, en
abscisse, la part relative de l’entreprise sur le marché. Le point X correspond soit au leader du marché, soit au suivant
direct si l’entreprise est en position de leader.
Cette
cartographie permet d’isoler quatre catégories de produits :
1)
Vache à lait. Ce
sont des produits dont les marchés sont en croissance faible, voire en
récession mais où l’entreprise dispose d’une position de leader. Les stratèges
considèrent fréquemment que la position idéale est d’avoir une part de marché
égale ou supérieure au double de celle du principal concurrent. Les produits
qui se trouvent dans cette catégorie dégagent, normalement, à la fois des
résultats importants et des flux de trésorerie largement positifs.
2)
Étoile. La
société a, dans ce cas, une part de marché supérieure à celle de ses
concurrents mais dans un marché en croissance, voire en explosion. Cette
position doit normalement permettre de dégager des résultats positifs.
3)
Poids mort. La
société est en position de suiveur dans un marché à faible croissance. Cette position
est pour le moins délicate puisque l’entreprise a normalement des prix de
revient supérieurs à ceux du ou des leaders
4) Dilemme. Comme le nom l’indique, cette position est de loin
celle qui pose le plus de problèmes puisque :
le marché est en croissance, ce qui est toujours attrayant,
l’entreprise
n’est pas leader et a, de ce fait, des prix de revient supérieurs à ceux de ses
concurrents. En toute logique,
l’écart de prix de revient existant va continuer à se creuser si rien n’est
fait. Il faut donc obligatoirement réagir, soit en tentant de rejoindre le
peloton de tête, soit en sortant du marché.
chiffrage du business-plan
Nous allons maintenant procéder au chiffrage du business-plan. Pour ce faire, il est indispensable de commencer par quantifier les moyens à mettre en œuvre.
.investissements
.personnel
.CA …
LES DÉMARCHES PRÉVISIONNELLES
Il existe en
matière de prévisions deux démarches que l’on caractérise le plus souvent par
le secteur qui les privilégie :
· la démarche
dite administrative. Celle-ci consiste à bâtir des prévisions en prenant comme
base le passé. La prévision est obtenue en reconduisant à l’identique ce qui a
été précédemment réalisé et en lui adjoignant les prévisions de nouveaux
besoins ainsi qu’une réindéxation tarifaire.
· la démarche
dite entrepreneuriale. Dans ce
cas, on s’interroge sur le bien-fondé des dépenses précédemment réalisées afin
d’examiner si des résultats identiques, voire meilleurs, ne pourraient pas être
obtenus en limitant ou en modifiant les moyens mis en œuvre
La démarche préconisée pour bâtir un business-plan est la seconde .
Cette démarche
est souvent plus facile d’ailleurs à appliquer en matière de business-plan
qu’en matière budgétaire. En effet, si l’on raisonne, ce qui est le cas du
business-plan, sur une période relativement longue, il est alors possible
d’envisager des modifications profondes des modes opératoires et des habitudes
de l’entreprise.
A contrario, au niveau du budget annuel, de nombreux
paramètres sont en fait déjà figés et ne peuvent donc faire l’objet de révision
fondamentale. Si donc l’on ne travaille que par budgets successifs, on risque
fort de considérer certains paramètres comme bloqués alors qu’en longue période
ils sont flexibles. Chacun sait que les frais fixes ne le sont en réalité que
jusqu’au jour où l’on prend la décision de les faire varier.
Pour illustrer
ce principe, prenons
l’exemple d’une des dépenses souvent considérées comme fixe, voire même comme
échappant totalement à toute possibilité d’action de l’entreprise : la taxe
professionnelle.
Cette taxe
dépend en effet, et en simplifiant :
· des investissements de l’entreprise,
· de la commune où la société est implantée.
Sur le court terme (1 an), l’entreprise ne peut donc que subir cette taxation car
elle ne peut, au seul motif fiscal :
· réduire ses investissements,
· déménager.
Si au contraire on raisonne à cinq
ans dans le cadre du business-plan, il est alors possible d’envisager un
certain nombre de mesures telles que :
· réaliser le développement sur un site
fiscalement moins coûteux,
· louer certains actifs plutôt que d’en être
propriétaire,
· voire dans des cas extrêmes, envisager le
déménagement de l’entreprise.
Il est probable
qu’aucune des mesures ci-dessus ne sera prise en fonction du seul objectif
fiscal. Toutefois, la considération fiscale peut peser sur certaines des
orientations de l’entreprise.
Dans la démarche
proposée, on s’interrogera sur chacun des moyens mis en œuvre par l’entreprise
en respectant la check-list suivante :
· ce moyen
existe-t-il ? · ce moyen est-il nécessaire ?
· existe-t-il
des moyens de remplacement ?
· comment
évolue le besoin en fonction de l’activité prévue ?
PROCESSUS DE CONSTRUCTION
D'UN BUSINESS-PLAN
La démarche va
consister à transformer en chiffres les informations et décisions accumulées
lors des étapes précédentes.
Celle-ci va
nécessiter d’établir successivement, et pour chacune des périodes couvertes par
la prévision :
· un compte de résultat, (voir TAB : CR)
· un tableau de financement, ( voir
TAB : TF)
· un bilan.
Les prévisions
doivent évidemment s’enchaîner sur la situation de départ pour la première
d’entre elles, puis sur la précédente pour chacune des suivantes.
LA SÉPARATION ENTRE FRAIS FIXES ET FRAIS VARIABLES
a Définition frais fixes et frais variables
Aucun frais
n’est en fait réellement ni totalement fixe ni totalement variable. Nous
conserverons toutefois ces termes puisqu’ils sont habituellement utilisés et
que leur signification est claire pour les professionnels.
On définit
ceux-ci comme correspondant à des dépenses qui ne varient pas automatiquement
en fonction du niveau d’activité de l’entreprise.
Au contraire, il
faudra prévoir dans une prévision pluriannuelle :
–
L’augmentation
annuelle des salaires et la variation des effectifs.
–
Les loyers
etc ….
Leur seconde
caractéristique est de varier par paliers. Ainsi, si nous prenons l’exemple de
la fonction financière, celle-ci peut absorber, sans modifier ses effectifs,
une certaine croissance de l’activité de l’entreprise. La saturation atteinte,
il faudra procéder à une embauche, ce qui augmentera les frais et ce, de
manière non progressive.
Il s’agit cette
fois de dépenses directement liées à l’activité et qui se développent
automatiquement en fonction de l’accroissement de celle-ci.
Ces dépenses
sont à classer en deux catégories : les frais proportionnels et les frais
évolutifs.
Les
frais proportionnels
Ce sont ceux qui
évoluent directement en fonction du niveau d’activité. L’exemple le plus
évident est celui des achats de matières nécessaires à la production. Ceux-ci
sont proportionnels à la production mais pas forcément aux ventes.Notons
toutefois que la proportionnalité n’est pas obligatoirement absolue puisque :
· le cours des produits concernés peut
varier, si en particulier il s’agit de matières plus ou moins spéculatives ;
· la société peut voir ses conditions
d’achat s’améliorer, si elle achète en plus grande quantité du fait de
l’accroissement de son activité ;
· les quantités consommées peuvent se
réduire du fait de l’évolution des produits ou des technologies utilisées par
la société .
Ce sont tous les
frais qui, comme leur nom l’indique, évoluent avec l’activité de l’entreprise
sans être pour autant directement proportionnels à cette activité. Il en est
ainsi qui vont évoluer en corrélation avec plusieurs critères :
· le chiffre d’affaires qui génère de
manière quasi automatique un encours client qu’il faut évidemment financer en
mobilisant une partie plus ou moins importante de ses créances ; les
frais financiers.
· le niveau des investissements non
autofinancés qui nécessite donc un recours plus ou moins important à des
financements bancaire.
· le résultat de l’entreprise qui augmente
son fonds de roulement et dont dépend indirectement le niveau de la trésorerie.
· etc.
b Utilisation de la distinction frais fixes / frais
variables
Cette distinction sert à construire la prévision et à calculer le point mort. Ou seuil de rentabilité.
Construction de la prévision
On classera les
dépenses de l’entreprise selon deux catégories :
B-1) frais fixes, pour
lesquels il conviendra de définir des seuils de variation.
B-2) frais variables :
1 -Les frais proportionnels que l’on fera varier en fonction du niveau d’activité prévu.
2 -Les frais
évolutifs. Pour ceux-ci, on devra rechercher l’élément par rapport auquel il
convient de les mettre en corrélation afin de prévoir leur évolution. Dans
certains cas, il ne faudra pas hésiter à prévoir des corrélations multiples.
Tableau CR
(compte de résultat)
désignation
|
Estime
N-1
|
Prévisionnel N
|
fixes
|
variables
|
Produits
|
770
|
905
|
|
|
Total charges
|
650
|
800
|
450
|
350
|
achats
|
280
|
300
|
|
300
|
Matériel
|
120
|
150
|
150
|
|
Personnel
|
200
|
250
|
200
|
50
|
Locaux
|
25
|
50
|
50
|
|
Etc …
|
25
|
50
|
50
|
|
Marge d’exploit.
|
120
|
105
|
|
|
Amort
|
20
|
25
|
25
|
|
Résultat
|
100
|
80
|
475
|
350
|
CALCUL DU
POINT MORT
Le calcul bien
connu des financiers est particulièrement utile dans une démarche de type
business-plan. Il peut en effet être utilisé pour définir un niveau d’activité
optimum. L’utilisation de cette technique permet de tenter de prévoir à partir
de quel moment un projet, comme par exemple la création d’une entreprise,
pourra atteindre son seuil de rentabilité et donc commencer à dégager des
profits.
Le ou plutôt les
points morts peuvent être graphiquement représentés comme ceci :
Il existe ici
deux points morts A et C. L’entreprise doit donc tenter de
situer son activité entre A et B ou au-delà de C. Il
existe probablement, au-delà des hypothèses explorées, un nouveau palier de
frais fixes non représenté sur le graphe.
Dans certains
cas et pour des explorations plus limitées, on ignore le problème de variation
des frais fixes et l’on raisonne sur la marge sur coût variable.
FORMULE de CALCUL du POINT MORT ou
SEUIL DE RENTABILITE .
CA – frais variables = MA (marge sur coûts variables)
POINT MORT = CA x
FRAIS FIXES
(905-350) = 555